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En marge du Salon du Livre de Tanger

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La galerie Delacroix de Tanger abrite, jusqu’au 8 juin, une exposition des œuvres de l’artiste marocain Said Ouarzaz, inaugurée dans le cadre de la 17ème édition du Salon international de Tanger des livres et des arts (SIT).

Said Ouarzaz a été actif dès le début des années 1990 et figure parmi les peintres les plus remarqués parmi ceux que Frédéric Damgaard a exposés dans sa galerie d’Essaouira. En 1995, ce grand découvreur de talents a parlé d’une “peinture fulgurante, gestuelle” dans “l’immédiateté” à propos de l’œuvre de Ouarzaz.

L’exposition, qui présente des toiles et des sculptures exposées pour la première fois, met en exergue la force de son art singulier, quasiment hors du temps.

Le SIT 2013 a rendu un hommage au poète marocain Mohamed Bennis, en organisant une exposition de ses livres de poésie, de critique littéraire et d’études, ainsi que de ses œuvres artistiques élaborées en collaboration avec des artistes de différents pays.

Une rencontre ouverte avec le poète a également été programmée, durant laquelle des témoignages ont été présentés sur le parcours de Mohamed Bennis et la poésie moderne au Maroc en général.

Un hommage à été rendu dans le cadre du SIT à Albert Camus, à travers un spectacle produit par le Collectif ONLIT, une création interdisciplinaire durant laquelle des extraits du roman “L’Etranger” lu par l’auteur lui-même (enregistrés et pressés sur disque vinyle en 1954) sont mixés en live avec des musiques actuelles.

Ces musiques, principalement électroniques (Burial, Air, Apparat, Ben Frost, Frank Bretschneider, etc.), ont été mixées par Pierre de Mûelenaere, simultanément avec la projection de visuels originaux se superposant au récit, mélangés en direct par les artistes video “Orchid Bite”.

Albert Camus lit “L’Etranger REMIX”, a été joué dans six pays, à savoir la Belgique, la France, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Turquie et le Canada pour des dizaines de représentations dans des festivals, salons, salles de spectacle, foires, écoles, théâtres et librairies.

En 2013, le spectacle, présenté à Tanger avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, repart en tournée dans le cadre du centenaire de la naissance de l’écrivain.

Le SIT a été marqué par l’organisation de plusieurs spectacles de musique, dont un récital de piano de Dina Bensaïd et un concert de jazz offert par le groupe Baptiste Trotignon Trio.

Née en 1989 à Rabat, Dina Bensaïd débute le piano à l’âge de 4 ans avec Nicole Boyer à Casablanca. En 2005, elle rentre au Conservatoire à rayonnement régional de Paris (CRR), dans la classe de piano d’Olivier Gardon et de Musique de Chambre du Quatuor Ysaïe. Elle y obtient son prix en 2007.

Dans sa catégorie, elle a obtenu les premiers prix du Concours de SAR Lalla Meryem (2002, 2004 et 2006), du Concours Steinway à Paris (2002), du Concours national de musique du Maroc (2003), et du Concours Flame à Paris (2006). En 2009, elle est la première pianiste marocaine à intégrer le prestigieux Conservatoire national supérieur de musique (CNSM) de Paris. Depuis 2012, Dina Bensaïd assure la direction artistique du Festival Printemps des Alizés à Essaouira.

Après des débuts de compositeur (et acteur) pour le cinéma, le pianiste Baptiste Trotignon s’est engagé dans une carrière en trio (Fluide en 2000) puis en solo (Solo I et Solo II). Considéré comme l’un des plus grands solistes de sa génération à l’échelle internationale, son parcours est jalonné de récompenses prestigieuses et de collaborations fructueuses.


La ‘’Cigogne Volubile ‘’ sillonne 11 villes du Royaume

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Après le succès de la 2e édition à  Meknès,  la Cigogne Volubile revient les vendredi 14, samedi 15 et dimanche 16 juin 2013 dans les 11 Instituts français du Maroc : Agadir, Casablanca, El Jadida, Fès, Kenitra, Marrakech, Meknès, Oujda, Rabat, Tanger et Tétouan. «Chaque ville adaptera le concept à son contexte local» : cette annonce a été faite jeudi dernier par Marie Annick Duhard, directrice de l’Institut français de Meknès, lors d’une rencontre avec la presse. Cette manifestation biennale, dédiée à la lecture de jeunesse, rentre dans le cadre de la saison culturelle France-Maroc 2012-2013. Destinée aux enfants de 4-12 ans, La Cigogne volubile a pour objectif de donner le goût de lire dès le plus jeune âge et de contribuer au développement économique et éditorial de l’édition jeunesse au Maroc.

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La 3e édition permettra d’accueillir dans tout le Maroc plus de 60 invités (auteurs, illustrateurs, conteurs, éditeurs) français et marocains. Parrainé par Grégoire Solotareff lors de cette 3e édition, elle se déclinera sur trois axes : la librairie, un espace de vente mais aussi des rencontres qui proposent une sélection d’environ 6000 livres jeunesse récents en français ou bilingues français-arabe. On y rencontrera les auteurs et illustrateurs des Signatures, de l’Envol de La Cigogne. Sont également prévus une panoplie d’activités riches et variées comme  « C’est moi qui l’ai fait ! », et plus de 200 projets de classes à l’initiative des Instituts français. On retrouvera parmi ces derniers « Kan ya ma kan… il était une fois » ou la magie des contes, « Lire Délire » qui sont des animations préparées et réalisées par et pour les enfants se déclinent sous diverses formes : « Le défilé des livres », « Les valises de La Cigogne», « Les ateliers créatifs », sans oublier « Le dessin s’anime » et ses projections, « Plein les yeux », un ensemble d’expositions autour du livre jeunesse et enfin « Lire et faire lire », des conférences pour tous. Ce seront autant de moments qui susciteront la curiosité des enfants et leur donneront l’envie de lire, tel le dit le proverbe « Qui lit petit, lit toute sa vie ». Des journées professionnelles auront également lieu à Meknès. Sur inscription et encadrées par des spécialistes, ces rencontres sont destinées aux professionnels du livre et de la lecture (médiathécaires, libraires, animateurs jeunesse, enseignants etc…). 

 Rappelons que la 1ere édition a connu un réel succès, avec Tomi Ungerer pour parrain. Elle a accueilli 45 invités français et marocains, 17 000 visiteurs, sans compter les quelques 2 600 ouvrages vendus, les 124 projets de classe et cours de langue de l’Institut français de Meknès et des écoles privées et  publiques du Meknès Tafilalet, ou encore les 240 participants aux Journées professionnelles. «  Quant à la seconde édition de la Cigogne volubile, qui a eu lieu en mai 2012, elle s’est étendue aux 7 Institut français d’Agadir, de Casablanca, El Jadida, Meknès, Rabat, Tanger et Tétouan et fut, elle aussi, une belle réussite : 20 000 visiteurs, plus de 4 000 livres vendus et 174 projets de classes. Suite aux succès de ces deux premières éditions, ‘’La Cigogne volubile, Le Printemps des livres jeunesse’’ est devenue un des ‘’fils rouges’’ de la saison culturelle France-Maroc 2013 » nous explique Marie Annick Duhard, directrice de l’Institut français de Meknès.  Parmi les invités de cette manifestation culturelle se trouvent des auteurs et des illustrateurs comme Jean-Philippe Arrou-Vignod, Stéphane Barroux, Hubert Ben Kemou, Pierre Boussel , El Mostafa Bouignane, Ahmed Bouizine, Vincent Bourgeau ou encore des éditeurs tels  que  l’Ecole des loisirs, Les P’tits bérets, Marsam, Senso Unico, Sirocco, Yanbow al Kitab, ou Yomad . Des conteurs seront aussi présents, comme Ouadia Bennis, Halima Hamdane, Alexandra Janiec, Jean-Roger Rolland, ou encore Laetitia Troppee. Enfin, on y trouvera des artistes comme Oliver Costes, Alan Mets, et Le Pince-Oreille.

Fatimazahraa Rabbaj 

Focus 

Deux médiathèques, une seule identité 

médiathéque-IFM

La médiathèque jeunesse mutualisée de l’Institut Français du Maroc-Casablanca avec l’Ecole Molière sera le premier établissement de ce type au Maroc  en temps scolaire, et bibliothèque publique hors temps scolaire. Elle sera ouverte au public de 18 mois à 12 ans, 7 jours sur 7. Sur une superficie de 304 m², la médiathèque de l’Institut Français de Casablanca ouvre ses portes avec de nouvelles collections, nouvelles perspectives et de nouveaux outils numériques. «  La nouvelle médiathèque jeunesse propose plus de 10 000 ouvrages et un millier de supports audiovisuels, couvrant tous les champs de la connaissance, disponibles à la consultation et à l’emprunt pour les adhérents. Parce que la médiathèque est un lieu d’apprentissage mais aussi de découvertes et de plaisirs, nous proposons aux enfants des rendez-vous réguliers comme des activités orales et des jeux avec la langue française » nous explique Bretrand Commelin, directeur  de l’Institut Français du Maroc.  Suite au lancement en janvier 2013 de la Culturethèque, l’offre numérique de la médiathéque est transposée en section jeunesse où des tablettes numériques seront mises à la disposition du public et exploitées lors d’ateliers ludo-pédagogiques autour de l’apprentissage de la langue de Molière.

3 questions à Marie Annick Duhard

La Nouvelle Tribune : Quel bilan dressez-vous des 3 ans de la Cigogne Volubile ? 

Marie-Annick-DuhardMarie Annick Duhard : Un bilan très positif, puisque  ce rendez-vous annuel  permet aux  enfants d’acheter   des romans et des ouvrages.  Sachant que la majorité des villes du Maroc ne contient pas de médiathèque, cet évènement leur permet de découvrir différents auteurs, éditeurs, illustrateurs et conteurs marocains ou étrangers.

Quelles sont les principales nouveautés de cette édition par rapport aux précédentes ? 

La principale nouveauté c’est que la manifestation devient annuelle et s’élargit dans les 11 sites de l’Institut Français du Maroc. 

Pensez-vous établir des partenariats avec des salons internationaux du livre de jeunesse ? 

Il y a des partenariats qui se font mais dans un cadre informel, d’ailleurs tous les ans nous partons à Montreuil et nous inspirons de ce que fait ce salon du livre de jeunesse. A mon avis, le plus important, c’est les partenariats qui se font entre les éditeurs marocains et français lors de la Cigogne Volubile. 

 Entretien réalisé par FZR  

 

Entretien avec Hachemi Ghozali, fondateur du magazine Rukh

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Pierre Rabhi en entretien avec le rédacteur adjoint Jean Morizot et le fondateur Hachemi Ghozali

 

Rukh est un jeune magazine dédié aux nouvelles tendances intellectuelles autour du Moyen-Orient, un creuset de réflexions de qualité sur l’évolution des sociétés arabes contemporaines. Son fondateur, Hachemi Ghozali, revient pour La Nouvelle Tribune sur sa création, ses ambitions et ses engagements. 

 

La Nouvelle Tribune : Tout d’abord, pouvez-vous nous expliquer la genèse de ce magazine et en particulier l’origine du nom Rukh ?

 

Hachemi Ghozali : RUKH est un projet de longue date. Depuis 2010, je réfléchissais à la création d’un magazine, qui à l’époque devait porter sur l’afro-politanisme. En 2011, avant de quitter Tokyo à l’époque du tsunami, j’y avais lancé un bulletin économique pour les conglomérats japonais investissant dans le monde arabe. C’est après les révoltes populaires que j’ai senti l’opportunité et le besoin d’une nouvelle tribune. Avec une équipe de créatifss, nous avons réfléchi des mois durant. Le souhait était de cristalliser l’esprit d’une génération et d’une époque, et de rendre le monde arabe et ses partenaires fiers de ce qu’ils accomplissent au quotidien et de ce qu’ils pourraient faire. Le « Rukh » est le phœnix des Mille et Une Nuits. C’est un oiseau mythologique, symbole de renaissance et gardien de l’arbre de la connaissance ; nous l’avons utilisé comme symbole…

 

Vous avez choisi de mettre en avant des contributions très variées sur le Moyen-Orient, quel est votre fil conducteur ? 

 

RUKH est à l’image de ses lecteurs : engagé, audacieux, provocateur, voyageur…pour reprendre le nom de ses chapitres. Nous rêvons à un laboratoire d’idées : oui, dans une seule et même revue, on peut trouver de la mode pointue, des articles universitaires et de la bande dessinée en noir et blanc. On y donne la parole à des israéliens arabes, à des asiatiques… Nous ne considérons pas RUKH comme une tribune politique, mais comme un forum qui fédère. D’abord les Maghrébins, car moi-même algéro-tunisien ayant grandi au Maroc, j’estime qu’il y a beaucoup à faire pour l’union entre ces trois pays. Ensuite un pont à bâtir entre LES mondes arabes, de Rabat à Doha, qui ne partagent souvent qu’une langue…

 

 

La région connaît des transformations profondes depuis le début des Printemps arabes, quels sont les impacts et évolutions que vous décelez sur les modes de pensée ?  

Pour embrayer sur ma réponse précédente, les révoltes populaires ont mis à nu le fossé qui existe entre certaines régions du monde arabe. Certains interlocuteurs émiratis ou algériens vont s’estimer étrangers à ces printemps car ils n’ont pas les mêmes défis à court terme, mais ce n’est pas mécanique. C’est à moyen terme et long terme que les Arabes, et quand je dis Arabes j’inclus l’assimilationnisme et toutes les confessions religieuses, vont prendre conscience qu’ils tendent vers un même but. Quelles évolutions? D’abord la crise religieuse me semble être un faux débat. Oui, Alexis de Tocqueville disait au 19ème siècle que l’influence de l’islam sur la morale des peuples d’Orient est trop certaine pour qu’on ne doive point lui attribuer leur grandeur ou décadence, mais le monde arabe a toujours vécu en bonne intelligence depuis des siècles avec ses voisins sur des problématiques religieuses. Le défi immédiat est plus socio-économique et culturel, et c’est notre rôle de l’expliquer.

Ma propre mère a été éduquée par des bonnes sœurs dans la Tunisie des années 1960. C’est ce genre d’histoires que je veux raconter à nos lecteurs.

 

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 Comment abordez-vous les particularités culturelles, sociales et politiques des différentes composantes des sociétés moyen-orientales ?

 

Il faut garder en tête que nous n’aspirons pas du tout à une uniformisation du monde arabe. Qui dit mondialisation, ne dit pas grégarisme, mais partage…Nous n’allons pas cravacher pour trouver à tout prix un créateur à Alger ou un diplomate en Arabie Saoudite à interviewer, nous jouons sur les qualités et les défis de chaque région. Comme l’Europe, le monde arabe est une mosaïque particulière, on voit que la littérature est de qualité en Algérie, les peintres de talent foisonnent au Maroc, et la haute couture a de grands ambassadeurs au Liban comme Elie Saab et Rabih Kayrouz.

Bien sûr, nous voulons favoriser le développement de la culture dans chaque pays. Mais autre chose : qui dit progrès, ne dit pas forcément développement. C’est pourquoi RUKH navigue dans le passé pour voir ce qu’il a à nous offrir, et imagine dans la rubrique Visionnaire des projets à la limite de la science-fiction, qui, même s’ils ne verront jamais le jour, donnent à penser sur ce qui ne va pas dans la région.

 

Y a-t-il des tendances transversales qui dépassent ces clivages ?

 

Le problème du monde arabe, c’est qu’il se vend mal. Il suffit de voir comment on en traite les thématiques dans les médias pour s’en rendre compte. Il y a aussi des passifs entre les nations. Et cela touche les Arabes eux-mêmes qui ont une certaine réserve vis-à-vis de leurs voisins, alors qu’ils peuvent éprouver de l’admiration pour des cultures comme l’Amérique ou le Japon.

Les milliers de jeunes qui crient “visa!” à chaque visite de Président étranger en témoignent…

 

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 RUKH invite tous types de contributeurs à partager leur vision du monde arabe : ici, les créatrices maroco-libanaises Nisrine et Sara Harakat entourent le réalisateur Rachid Dhibou (Hallal, Police d’Etat), l’Ambassadeur de France en Jordanie Denis Bauchard, et l’agro-écologiste algérien Pierre Rabhi.

Je suis convaincu que le voyage, l’échange culturel, peuvent être une voie transversale pour outrepasser ces clivages entre les peuples maghrébins et moyen-orientaux. Quand on est une Tunisienne qui a vécu trois ans au Caire, ou un Marocain né à Oran, forcément cela impacte la mentalité.

Quel regard portez-vous sur « l’exception marocaine » dans ce contexte ?

 

Le Maroc est un pays à part, bien sûr. J’y ai passé mon enfance et y retourne régulièrement. J’avoue que ce n’est que récemment que j’ai intégré sentimentalement et intellectuellement la particularité marocaine. Une nation ouverte vers l’Atlantique, qui a un gros héritage subsaharien dont nous parlerons pour des thématiques religieuses. C’est aussi une monarchie, qui n’a pas été occupée par les Ottomans, en ce sens le Maroc est très différent de la Tunisie et de l’Algérie qui ont un côté plus latin et méditerranéen. Ses défis sociaux sont aussi très différents. Mais n’est-ce pas une chance d’avoir une telle variété dans notre région?

Retrouvez Rukh sur www.rukh.fr 

 

Propos recueillis par Zouhair Yata

 

 

«Les chartes d’éthique sont faites pour ne pas être respectées ».

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Entretien avec Abdallah Bensmaïn sur son livre à paraître: ” Alors l’information ?”

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La Nouvelle Tribune :

Vous avez terminé un livre sur l’information qui est annoncé pour la fin de l’été. Pourquoi ce titre « Alors l’information ?  Les journalistes parlent du journalisme… et d’eux-mêmes » ?

Abdallah Bensmain :

A un journaliste, au Maroc, la première question qu’on lui pose, après les salutations d’usage, c’est « Kif dayra sahafa ». Cette expression n’a pas de charge ironique à proprement parler. C’est dans ma formulation « Alors l’information ? » qui n’en est pas une traduction littérale qu’elle se charge d’une discrète ironie, presque imperceptible. « Kif dayra sahafa », « Kir dayer L’Opinion », « Kir dayer Le Matin »… j’ai dû les entendre des dizaines et des dizaines de fois.

Le sous-titre « Les journalistes parlent du journalisme… et d’eux-mêmes » a privilégié la parole des journalistes qui consacrent éditoriaux, chroniques, enquêtes… à des individus, des sujets de société, des faits et idées politiques, à l’actualité économique, mais rarement sinon jamais à la presse elle-même.

Ce titre doit à Roland Barthes sa formulation et au Maroc sa charge ironique, si je puis dire. Revenu d’un voyage en Chine, sans l’avoir raconté, les gens n’arrêtaient pas de lui poser la question : « Alors la Chine ? ». Sa réponse fut cet opuscule… « Alors la Chine ? », publié d’abord sous forme d’article dans le quotidien Le Monde.

Le témoignage explique-t-il les citations dans « Alors l’information ?  Les journalistes parlent du journalisme… et d’eux-mêmes » ?

C’est un livre qui privilégie le témoignage. Le sous-titre explique, au moins en partie, le recours à la citation : « Les journalistes parlent du journalisme… et d’eux-mêmes ».

Les témoignages sont en quelques sortes des « faits » sur lesquels s’appuie le livre dans son ensemble. La citation n’est pas rappelée pour être rappelée : elle participe de l’effort d’analyse.

Quand il s’est agi de montrer que la presse indépendante n’est pas aussi indépendante qu’elle a essayé de le faire croire, ce n’est pas à coup d’affirmations, mais de citations que « Alors l’information ? Les journalistes parlent du journalisme… et d’eux-mêmes » a tenté de l’établir.

La presse qui se gargarise d’indépendance est en fait une presse privée. La presse privée, indépendante selon les nouveaux « concepts », n’a pas attendu les années 90 (Le Journal Hebdomadaire) ou 2000 (Tel Quel) pour exister au Maroc : Lamalif a existé dès les années 60 et c’est une tradition marocaine dans la presse: à régime libéral, presse privée ou indépendante, c’est selon.

La presse indépendante n’existe pas à proprement parler. Elle l’est peut être des deniers publics et des partis, mais pas de l’information. C’est une création idéologique. Le fait qu’elle efface de sa mémoire les expériences antérieures montre bien que les tenants de cette presse indépendante ne sont pas dans la réalité, mais dans le discours.

Qui se souvient de Akhbar Souk de Mohamed Filali, Al Houdhoud de Bziz, Al Assas de Ahmed Al Kohen, Kalima de Noureddine Ayouche, sans oublier le monument Al Ousboue dans ses déclinaisons (essahafi, essayassi) de Mustapha Alaoui ? L’histoire…Ce ne sont là que quelques exemples.

Dans le chapitre consacré à l’indépendance de la presse, il y a ce passage qui concerne le Maroc : « Pourquoi Nadia Salah, Mohamed Selhami, Fahd Yata n’expriment-ils pas le besoin de se gargariser du mot « presse indépendante » ? Les « indépendantistes » vous diront parce qu’ils ne sont pas… indépendants. Pour ma part, je dirais que l’expérience des salles de rédaction avant de se lancer dans l’aventure leur a donné le sens de l’humilité, une meilleure appréciation de la juste mesure des choses… et ce que parler veut dire ! ».

L’Economiste, Maroc Hebdo, La Nouvelle Tribune sont aussi libres de l’Etat et des partis politiques qu’ont pu l’être Le Journal, Tel Quel ou Demain.

Ce phénomène n’est pas propre au Maroc et dans « Alors l’information ?  Les journalistes parlent du journalisme… et d’eux-mêmes », les exemples de cette création de l’esprit d’une « presse indépendante » proviennent de plusieurs pays.

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Il y a une sorte de profusion de noms propres cités pouvant donner prise à des situations problématiques pour ce que d’aucuns trouveraient même comme de la diffamation ?

L’information n’est pas une abstraction. C’est une profession qui est exercée par des hommes, des femmes. Ces hommes, ces femmes, ont des noms…alors pourquoi devrais-je recourir à des pronoms indéfinis, à des formulations où règnerait sans partage l’anonymat ? C’est un genre de journalisme que j’ai toujours refusé de pratiquer. Ecrire « un certain journaliste dans une certaine publication » n’a jamais été dans ma culture professionnelle. Il faut nommer les choses par leur nom et appeler un chat, un chat ou, comme diraient les anglo-saxons, une bêche… une bêche. J’ai même refusé de tenir compte des témoignages qui n’étaient pas clairement assumés. Le principe était de faire signer tout ce qui est rapporté. C’est ce qui explique cette profusion de citations, car, au-delà de mon expérience, c’est un livre qui s’appuie sur les écrits et témoignages des journalistes ou écrits sur la presse.

Dire la vérité est-il faire acte de diffamation ? A priori, non. Caton (pseudonyme de deux éditeurs de presse) en son temps avait convaincu la justice britannique de la justesse de cette affirmation. Ma preuve irréfutable, c’est justement la citation que je n’invente pas. Mon propos s’appuie sur des témoignages qui ne poussent pas à mentir, à travestir les faits ou à dire les choses à demi-mot !

Dans « Alors l’information ?  Les journalistes parlent du journalisme… et d’eux-mêmes », « le serment des hypocrites » s’oppose au serment d’Hippocrate ?

Le chapitre sur l’éthique montre bien que le serment des journalistes est un serment d’hypocrites. Dire la vérité, faire preuve d’objectivité, s’appuyer sur des faits… pour informer le lecteur, ne sont pas vraiment la qualité première de la profession.

Les chartes d’éthique sont faites pour ne pas être respectées. Enoncées par les organisations professionnelles, les médias eux-mêmes et à titre individuel ou par les Etats, elles sont des parures qui ne cachent guère les défauts qui enlaidissent la profession. Des exemples existent et l’absence d’éthique n’est pas propre à un pays ou à un groupe de presse. Dans « Alors l’information ? Les journalistes parlent du journalisme… et d’eux-mêmes », les exemples foisonnent et proviennent de divers pays : France, Chine, Inde, Mexique, Bénin, Maroc, etc.

Les facteurs de « corruption » de l’éthique professionnelle des médias sont multiples. En Chine, le conseil qui est donné est le suivant: « protégez-vous de l’incendie, protégez-vous du vol, protégez-vous des journalistes ».

Ethique, confraternité, la « confrérie sans confraternité » résume, dans « Alors l’information ?  Les journalistes parlent du journalisme… et d’eux-mêmes », le climat qui règne dans la profession ?

L’éthique renvoie à des comportements de la profession que la morale réprouve, par exemple la corruption. L’absence de confraternité ausculte les rapports entre journalistes qui ne sont pas faits que d’amabilités de comptoir.

La profession est faite de chuchotements qui peuvent être résumés ainsi : quand deux journalistes se rencontrent, c’est pour parler – au sens de médire – d’un troisième…

Vous ne pouvez pas imaginer la haine que les uns portent aux autres, au point que la solidarité professionnelle en pâti.

Relisez les témoignages des journalistes ayant vécu l’enfer des prisons et les messages de solidarité du bout des lèvres des confrères. Quelques cas sont rappelés dans « Alors l’information ? Les journalistes parlent du journalisme… et d’eux-mêmes ».

Au journaliste qui « tombe », les confrères lui trouveront des comportements condamnables. A tout le moins, ils diront « il l’a cherché », pour reprendre l’expression de Ahmed Al Kohen du mensuel Al Assas. Ne me demandez pas de donner des exemples, le livre en pullule. Ce n’est spécifique à aucun pays, c’est inhérent à une profession : le journalisme.

Votre carrière de journaliste a été dans la presse écrite. A l’ère des nouveaux médias, quel avenir pour le journalisme de presse écrite ?

Dans « Alors l’information ?  Les journalistes parlent du journalisme… et d’eux-mêmes », la fin de ce journalisme ne semble pas au programme.

L’ordinateur a tué la machine à écrire, mais il n’a pas tué l’écriture. Pour remonter encore plus loin dans l’histoire des médias, l’écriture n’a pas disparu avec la fin du papyrus… La radio n’a pas tué la presse écrite comme la télévision n’a pas tué la radio. Les nouveaux médias tueront peut être le support papier, mais ils ne feront pas disparaître le journalisme. Le métier est appelé à se transformer. Cette loi newtonienne est une loi de la nature. Le lecteur ne lira peut être plus sur le papier, mais il lira sur des supports électroniques : écrans d’ordinateur, tablettes, téléphones, comme le journaliste n’écrit plus à la main, avec un stylo qui avait remplacé la plume, mais utilise un clavier d’ordinateur et demain, peut être, juste son regard… La révolution est en marche et l’évolution des médias n’est pas prête de s’arrêter.

Propos recueillis par  Ibn Tanjaoui

 

Encadré

L’auteur : Journaliste, correspondant de presse, chef de rubrique ou rédacteur en chef, Abdallah Bensmaïn a exercé durant plus de 30 ans dans la presse écrite. Il a produit et réalisé, à la fin des années 70, sur les ondes de la RTM « Le temps des poètes » et assuré la conception et l’édition de plusieurs publications institutionnelles (Agences Gouvernementales, Organisations internationales, Chambres consulaires).

A paraître:

Alors l’information ?  Les journalistes parlent du journalisme… et d’eux-mêmes – 2013 – Publisud, 408 pages, format : 15 X 23.

Du même auteur

Poésie

-A terre joie – 1975- Oran

– La médiane obscure – 1978-Pro-Culture

-Versets pour un voyageur (Illustrations : Aïssa Ikken) – 1983-SMER

– Le Maroc en Noir et Blanc (Série de cartes postales sur des photographies de Abderrazak Benchaabane, illustrées par des extraits de poémes) – 1987- Média Productions

Essais

– Crise du sujet, crise de l’identité : Une lecture psychanalytique de Rachid Boudjedra (Couverture : Larbi Sebbane) – 1984-Afrique-Orient

-Enfances maghrébines (en collaboration) – 1987-Afrique-Orient

– Symbole et idéologie (entretien avec Roland Barthes, Abdallah Laroui, Jean Molino) – 1987-Media Productions

Oeuvre poétique traduite en italien sous le titre

-Abdallah Bensmaïn. Versetti per un viaggiatore, traduction de Claudia Gasparini, – 1994-Fondazione Piazzolla, Roma

Fiction

-Le retour du Muezzin – 2011-Publisud

Edition, Driss C. Jaydane signe « Parole Ouverte »

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PAROLE-OUVERTE

Après un premier coup d’essai avec  son roman «Le Jour venu», une œuvre qui avait rencontré un franc succès lors de sa parution en 2006, Driss C. Jaydane, politologue et philosophe de formation, revient à la charge avec un second opus littéraire. Intitulé «Parole Ouverte», l’ouvrage est publié chez les éditions  La Croisée des Chemins, dans la collection Le Royaume des idées.

Mais, cette fois, il ne s’agit pas d’un roman. L’auteur a en effet choisi le style de l’essai, où la fiction n’a pas droit de cité, pour se pencher sur des thématiques qui animent l’actualité et les débats intellectuels. Ce sont des sujets qui concernent l’évolution, voire la mutation de la société marocaine dans sa globalité, mais qui sont également universels.  « (…) ces textes posent une seule et même question, celle de la domination et des masques qu’elle revêt…Parole Ouverte est une humble, très humble contribution, à la formuler différemment…», écrit l’auteur.

Rédigé dans un très bon français, le livre passe en revue, à travers six chapitres, les principales crises, ou du moins les événements ayant marqué l’actualité durant ces dernières années. Du mouvement des Indignés en Espagne à la diversité culturelle, en passant par le despotisme de la finance ou encore Le Printemps Arabe, l’œuvre de Driss C.Jaydane est une réflexion, une analyse tantôt journalistique, tantôt philosophique sur les turbulences du monde présent.

Ainsi, que Parole Ouverte est un concentré d’idées, qui permet de soulever de manière pertinente et intense de nombreuses questions qui nous concernent tous en tant que citoyens.

L.Ouazry

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Extrait :

«Quid de notre monde, de ce vieux monde fait de la chair des guerres et des paix signées, monde des livres d’histoires, humain et politique ?

En cela, autre angoisse, autre lieu de remontée de sentiments archaïques, c’est celle qui nous plonge  dans l’incertitude de pouvoir diriger nos propres destins de nations. Le politique, l’Etat, le parti, l’idéologie, que cela peut-il bien signifier, lorsque l’économie devient un système d’informations dans les mains d’hommes invisibles ? Quand nous savons que ce qui vient, c’est une convergence de forces comme nous n’en avons peut-être jamais connues.»

Fouad Laroui au CCF : Monsieur De…

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fouad

L’institut français de Casablanca a organisé, mardi 21 mai 2013, une rencontre littéraire avec le romancier, poète, nouvelliste, chroniqueur et économiste Fouad Laroui, animée par Habib Hemche.

Cet intellectuel marocain, qui brille dans les lettres, est né à Oujda en 1958. Il fréquente le lycée Lyautey de Casablanca avant de rejoindre l’École des Ponts et Chaussées à Paris. Il exerce pendant quelques années à l’Office chérifien des phosphates du Maroc avant de tout abandonner pour embrasser une carrière d’enseignant et d’écrivain. Actuellement, il vit aux Pays-Bas où il enseigne la littérature française du 20è siècle à l’université d’Amsterdam. Il y a quelques jours  Fouad Laroui a remporté le prestigieux Prix de l’Académie Goncourt de la nouvelle pour « L’étrange affaire du pantalon de Dassoukine », publié aux éditions Julliard en 2012.

Questionné sur son parcours, et en particulier du tournant important qui lui a fait changer d’orientation après une brillante carrière d’ingénieur à l’OCP, le nouvelliste précise qu’il a toujours été passionné par la littérature et réplique par une histoire. L’histoire est celle d’un enfant qui pendant un tremblement de terre, au lieu de s’agiter et de crier comme tout le monde, s’assied près d’une source de lumière et se met à lire, raconte-t-il. Cet enfant c’est lui.

En réponse aux gens qui se plaignent de ne pas trouver le temps de lire, Fouad Laroui affirme avec humour que « la meilleure façon de lire, c’est de prendre très souvent  le train ». D’après lui, dans un transport en commun, on peut vraiment trouver le temps le lire. C’est une façon de se déconnecter un peu son entourage le temps d’arriver à sa destination.

Lors de cette rencontre, Fouad Laroui a parlé de son enfance, ses études et ses souvenirs, il a même déclaré en répondant à l’une des questions posées par l’assistance, qu’il a « raté sa vie» puisque tous ses copains du lycée occupent actuellement des postes très importants et sont ministres, hommes d’affaires, etc.

Durant la conversation avec Habib Hemche, les propos du poète,  tantôt philosophiques tantôt scientifiques, ont été très souvent marqués par une note d’humour.  Il est revenu sur la première nouvelle qu’il a écrit à l’âge de 8 ans et qu’il avait signée, en toute innocence, «Fouad de Laroui» imitant «Honoré de Balzac». Il explique qu’à cette époque, il croyait que chaque écrivain devait ajouter le «de» à son nom.

Concernant son premier roman, il affirme qu’il l’avait écrit parce qu’il n’arrivait pas à expliquer à son entourage cette envie brutale de vouloir tout quitter alors que son avenir était déjà tracé.  Il a décidé alors d’écrire sur ce qui l’énervait et le dérangeait dans le Maroc de l’époque dans «Les dents du topographe» (1996), un roman qui a rconnu un grand succès auprès du public et de la critique et distingué par le prix Albert Camus.

A.Loudni

Un regard sentimental sur l’Histoire du Maroc

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Entretien avec Amina El Alami Alaoui, auteure d’Ombres sur l’amandier

La Nouvelle Tribune : Ma première question sera pour votre parcours, votre volonté d’écrire et la voie suivie pour écrire un roman. Avez-vous écrit d’autres oeuvres précédemment ?

Amina-alami-alaouiAmina El Alami  Alaoui : Etant de formation littéraire, j’avais le goût de l’écriture. J’écrivais assez régulièrement mais pour moi-même.  Cependant un jour, j’ai décidé de publier des nouvelles dont deux furent publiées dans la Revue littéraire du Maroc, parce qu’il est important qu’une pièce, une oeuvre quelle qu’elle soit, circule dans un espace disons public  afin de lui donner vie, d’amener une réflexion, et  éventuellement, des remarques. Une pièce ne prend son sens que si elle s’expose à la critique.

Les Nouvelles écrites sont-elles inspirées de votre vécu?

Celles qui  furent envoyées à la Revue littéraire du Maroc n’avaient pas trait à un vécu précis. Elles étaient le fruit de mon imagination, qui, bien sûr, peut se nourrir de sources multiples. La fiction n’est pas le réel  et le récit se développe dans un espace différent de la réalité même s’il s’inscrit dans un environnement  précis

 

Les nouvelles écrites étaient-elles des ébauches de votre roman ?

Non, pas du tout. Ces deux genres littéraires n’évoluent pas dans  le même contexte historique.

Pour le processus de concrétisation du roman, avez-vous décidé sciemment du jour où son écriture commencerait ?

J’ai voulu délibérément produire une oeuvre qui réponde à une aspiration personnelle. Le sujet de mon roman est le fruit de plusieurs années dédiées à des entretiens avec des femmes, dont ma mère et Lalla Hniya Alaoui. Je voulais comprendre ce que ces femmes avaient vécu au cours d’une période difficile de l’histoire du Maroc, celle de la lutte pour l’indépendance. Mon père, ainsi que si El Kébir Fassi et d’autres étaient impliqués à des degrés divers dans le mouvement national. L’histoire de ce mouvement est certes connue, mais les ouvrages qui relatent cette période analysent la complexité des événements avec la rigueur propre à un travail d’historien. L’émotion n’est pas le sujet. En revanche, les entretiens avec ces femmes, les récits de mon père, les anecdotes recueillies constituaient une formidable source d’informations, d’émotions, de souvenirs que j’ai voulu évoquer et retranscrire dans mon roman. Je tiens à rendre hommage à ces femmes qui ont traversé cette période avec courage et détermination, en affrontant tous les aléas de cette époque sombre du Maroc. Epoque sombre certes mais pleine d’espoirs.

 

Mais quelle est donc la part toute personnelle dans ce roman, avez-vous vécu à Fès ?

Non, je ne suis pas née à Fès et n’y ai jamais vécu, mais j’aime cette ville. On m’a toujours parlé de Fès qui ne fut pas seulement une capitale, mais qui symbolise, -ainsi que d’autres villes du Royaume –la  culture, la civilisation. Les familles fassies qui avaient quitté Fès pour s’installer ailleurs, ont su préserver leur savoir-faire, leurs traditions. En disant que l’on m’avait toujours parlé de Fès, je pense à la phrase si juste d’Amin Maâlouf qui a écrit dans son livre « Les Désorientés »:  « La mémoire des mots peut être oubliée, mais non les émotions. »

Comment avez-vous procédé pratiquement pour écrire votre roman ?

Une fois la collecte du matériau recueilli,  témoignages, souvenirs personnels, lectures, .l’écriture s’est imposée d’elle-même ; je dirai naturellement.

Avez-vous connu une latence entre la fin de l’écriture de votre roman et sa publication ?

À la fin de la rédaction, il m’a fallu plusieurs mois pour décider de la publication d’abord puis de la maison d’édition ensuite, En France ou au Maroc. En effet, je souhaitais une co-édition, dans ces deux pays, considérant que ce livre intéresserait de prime abord mes compatriotes.  Mais le  fait que la période du protectorat impliquait également la France, j’ai pensé que ce roman ne serait pas inintéressant pour des lecteurs de l’Hexagone non plus. D’où ma volonté de réaliser une co-édition, ce qui a été fait, grâce à Casa Express Editions –Magellan Paris.

Vous avez délibérément choisi la perspective historique dans votre roman, sans pour autant être historienne…

Je ne suis pas historienne et je le regrette. Mon but était de faire cohabiter  ensemble des êtres fictifs et des personnages historiques. Les uns apparaîtraient plus réels et les autres plus humains. Un roman de type historique peut susciter chez le lecteur le désir d’apprendre davantage sur la période relatée dans le roman.

L’écriture d’un roman suppose la mise en place préalable d’un plan car il faut savoir où l’on va. Il faut une histoire, un fil conducteur, une trame historique. Dès le début donc, j’ai considéré que la famille, pièce maîtresse de l’oeuvre, était étroitement mêle au traité du Protectorat. Ainsi, le 30 mars 1912 est une date de structuration du récit.

A la lecture, on se sent plus proche du parcours d’un ensemble de personnes que d’une évocation historique.

Effectivement, parce que j’ai écrit un roman et je l’ai voulu comme tel mais à partir d’un corpus historique réel.

L’évocation historique est là comme moteur du récit  et  comme phénomène déterminant de l’évolution des acteurs du roman. Ce roman décrit les bouleversements qu’une famille bourgeoise de Fès va devoir affronter. Les réactions de chacun des acteurs de cette trame, exposent un éventail assez large de leurs opinions. Les expériences qu’ils subissent ou choisissent déterminent d’une certaine façon l’évolution et l’orientation de chacun d’entre eux.

Mais vous avez raison de  parler de proximité avec ces personnages car pour certains, j’ai une réelle affection, pour d’autres de l’aversion ou de l’antipathie.

Nous croyons contrôler leurs sentiments, leurs réactions, en réalité, ils nous échappent.

La création est un processus mystérieux. Une fois les personnages définis, ils nous échappent, comme s’ils devenaient réels. C’est très étrange, il semble qu’ils aient leur propre vie.

Quels sont  les messages du roman ?

Je n’ai pas cette prétention. Je voudrais toutefois ajouter qu’il était possible d’explorer d’autres thèmes que ceux liés  aux années de plomb, à l’immigration clandestine, au terrorisme, à la misère etc.  Le Maroc c’est tout cela certes, mais c’est aussi un vieux pays.

Lyautey  lui-même disait «  Plus je fréquente les Marocains, plus je vis dans ce pays, plus je suis convaincu de la grandeur de cette nation. »

Il savait de quoi il parlait puisque dès son arrivée à Fès, il s’était  trouvé face à  un soulèvement de grande ampleur.

J’ai aussi voulu montrer qu’on pouvait avoir des relations d’amitié entre  Marocains et  Français, du fait des qualités intrinsèques de ces personnes. Mais dans ce contexte précis, avec l’instauration progressive de la domination française qui va s’accélérer et s’officialiser dès la signature  du traité de 1912, la colonisation devenait, comme partout ailleurs, dévalorisante, humiliante, source d’inégalité et d’injustice pour le colonisé.

C’est d’ailleurs la nature même du colonialisme quel que soit le nom qu’il prend, contrôler un pays, l’exploiter et asservir sa population. Il y a d’un côté un système oppressif, injuste qui se met en place et de l’autre  la possibilité de relations d’amitié entre les individus de cultures différentes, avec un bémol cependant, de la même classe sociale.  En dépit de ce constat, il faudrait toutefois signaler que sous l’impulsion de Lyautey, le visage du Maroc va subir de profonds changements : infrastructures, routes, trains, écoles, hôpitaux, la ville de Casablanca. Certes, ces progrès s’accompagnaient de la prise de contrôle des richesses du pays.

On a parfois l’impression, notamment à la fin du roman, que vous avez un regard « adouci » sur la France et les Français ?

Non, absolument pas. Je n’ai d’autre attitude que celle du romancier, qui  doit s’efforcer de garder une certaine distance même si cela est illusoire.  Mon objectif est de raconter l’histoire d’une famille à une époque riche en bouleversements.

Les individus sont complexes, les réduire à leurs origines serait subjectif.

Je décris le rôle d’individus, et lorsqu’il s’agit d’évoquer la révolte du Rif et d’Abdelkrim, le livre montre bien les exactions, la démesure des moyens militaires et humains déployés par les colonisateurs, français et espagnols, pour abattre quelques milliers de combattants rifains, par les bombardements de sites civils, l’usage de gaz moutarde, etc.

Ce n’est pas le regard qui est adouci mais la fin du roman  qui décrit un certain apaisement certes, mais cet apaisement succède au départ de Lyautey, à la fin de la guerre du Rif, à la mort du Sultan Moulay Youssef qui signifie la fin d’un règne, et la naissance  d’un autre.

 

Comment appréciez-vous le fait qu’une femme s’attache en ce début du vingtième siècle, à évoquer la période coloniale et l’Histoire du Maroc, dans un roman comme celui que vous venez de publier ?

Il est évident que j’ai une réelle attache sentimentale avec cette époque. Mon père fut l’un des signataires du Manifeste de l’Indépendance du 11 janvier 1944.  Cependant le livre s’ouvre en 1912, cela s’explique par  le fait que je ne pouvais comprendre la genèse du mouvement national si je ne revenais pas à la source.

Revenir à un siècle en arrière est à mes yeux nécessaire à un début de  compréhension de ce qui se passe aujourd’hui. Le travail des historiens est admirable car c’est grâce à toute cette production intellectuelle parfois ardue, que nous avons la chance d’avoir une meilleure approche du passé.

Dans ce roman, j’ai voulu que l’on porte un regard sentimental sur l’histoire de cette période.

On attendra la suite donc avec impatience !

Entretien réalisé par
Afifa Dassouli

« Le tapis rouge» de Mohamed Ouissaden

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« Le tapis rouge» de Mohamed Ouissaden est un roman primé par 2M, et édité par Marsam, qui retrace l’itinéraire d’un certain nombre de personnages tous attachants, particulièrement le couple Lhous et Zaïna, des gens comme on en trouve partout dans le Maroc profond. L’histoire se déroule à Taroudant, ville dont le charme inexplicable attire les membres du gotha politico-économique et sociales du monde.  Elle est surtout la ville préférée de Jacques Chirac, alors Président de la République Française : «  Premier ministre il la fréquentait, Maire il l’a aimé, Président il l’épouse ». Lhous, valet de chambre dans le ‘’ Grand Hôtel’’ où réside le locataire de l’Elysée, est hanté par l’idée de rencontrer ce dernier. Cette idée s’est transformée en rêve, qu’il l’a partagé avec sa dulcinée Zaïna, femme naïve mais alerte et ingénieuse. Ils se donnent tous les moyens pour tisser des relations avec le couple présidentiel. Vont-ils réussir?

‘’ Le tapis rouge’’, dont l’écriture et  le style nous rappellent Moha Souag et Mohamed Nedali, est un roman chaud, brillant et vivant comme ‘’Tafoukte’’ (le soleil). A déguster sans modération.

 Fatimazahraa Rabbaj

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Cinq questions à Mohamed Ouissaden

La Nouvelle Tribune : Quand avez-vous décidé de devenir écrivain? 

 ouissadenMohamed Ouissaden : Je crois que personne ne peut décider d’un tel sort. Entre un écrivain et son activité d’écriture c’est toute une histoire d’amour qui règne en maître.  En tout état de cause pourtant, je ne peux pas nier que j’aime écrire parce que d’abord l’écriture existait, puis en raison des représentations positives que j’ai constitué depuis mon enfance sur ce phénomène humain enchantant, plaisant et fascinant mais inexplicable, hélas ! Dois-je répondre autrement ? Et dire en somme qu’un besoin pressant de labourer la fertilité des charmantes feuilles m’est venue depuis l’âge de 18 ans, d’abord en langue Amazigh, ma langue maternelle, dans le domaine de la poésie et non pas encore dans le domaine du roman.  Plus tard, à l’âge de 26 ans seule la langue française était à même de m’enliser dans l’écriture romanesque après plusieurs lectures des textes philosophiques et proses classiques. En définitive, la création littéraire s’impose d’elle-même en dehors de la langue d’expression.  L’imagination n’a peut-être pas d’odeur !

Vous avez grandi à Taliouine, quelle a été son influence sur votre imaginaire?

Taliouine est souvent présentée officiellement comme un espace touristique, son nom n’est malheureusement lié qu’au safran. C’est trop folklorique ! Je n’aime jamais cette pauvre dimension d’en voilà assez, rétrécissant la valeur exacte de l’espace et de l’homme qui y vit ! Taliouine est d’abord un patrimoine humain ancré dans l’histoire. L’écriture est, dans un angle de vision, une défense contre les souffrances. Taliouine souffre et je souffre avec elle sans cesse. Tout ce que je souhaite c’est qu’elle ait sa part raisonnable du développement. Elle est ensuite un espace géographique envoutant, pas au sens touristique mais au sens naturel et spirituel. Un ciel vaste, au-dessus d’une file de montagnes formant un cercle autour, et une rivière divisant la région en deux rives verdâtres. Comment ne pas imaginer, voire cogiter sous un soleil rayonnant de vérités ? Et quand vous tendrez l’oreille à cette rivière la nuit, vous ne saurez résister aux mélodies des créatures nocturnes à moitié endormies, toujours au bord de la rivière.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ‘’ Le tapis rouge’’? 

Quand j’étais à l’Ecole Nationale d’Administration de Rabat, j’étais souvent préoccupé par la question du développement en Afrique. J’en débattais plusieurs fois avec mes camarades venus de presque tous les coins du continent. Je trouvais que l’écriture romanesque au Maghreb n’était pas suffisamment intégrée dans cette tendance africaine, mais  plutôt dans la tendance arabo-musulmane et européenne. Vous me demanderez peut-être quel sera le lien entre le développement et le roman. L’idée même peut paraître banale du premier coup. Mais le rôle d’un auteur est d’exposer les possibilités autour de n’importe quelle question humaine et laisser les meneurs de jeu réagir. Peu m’importe puisqu’une réalité y était tissée comme les fils dans un tissu traditionnel qui donnera naissance à un tapis rouge ! Rouge de paix et de beauté et non pas de sang.

On suppose qu’un écrivain aime lire, donc dites-nous un peu quels sont vos auteurs favoris?

J’aime chaque roman écrit qui se distingue des autres par une valeur ajoutée. Il m’arrive d’aimer un roman d’un grand auteur mais de ne pas en aimer un autre. C’est pour cette raison que je préfère entendre « les plus beaux romans d’auteurs » plutôt que  « les romans d’un grand auteur ». Mais je trouve  que la production littéraire marocaine d’aujourd’hui  et très prometteuse. Voilà Fouad Laroui décrochant le prix Goncourt, et avant lui Tahar Ben Jelloun et Abdellatif Laâbi. Ceux-ci, ajoutés à Mohammed Kheir-Eddine, voilà déjà une liste de grands écrivains que nous connaissons de si près sans aller plus loin.

Avez-vous eu envie de toucher un lectorat particulier, des jeunes femmes, des hommes? 

Je crois que chaque auteur essaie de communiquer une version à part entière sur la réalité. Ce faisant, il s’imagine devant une catégorie de lecteurs, une mer hideuse et sans issue ! Pourvue que cette catégorie soit « Monsieur tout le monde » ! En vain. Quoiqu’on le souhaite, chaque thématique, chaque style et chaque vocabulaire influencent une catégorie de lecteurs plutôt qu’une autre. Et je trouve la catégorisation de lecteurs par le critère du sexe désuet. La femme instruite d’aujourd’hui atteint déjà un stade avancé parmi l’intelligentsia marocaine, à l’instar de l’homme.

Quels sont vos projets à venir ? 

Mon troisième roman, en cours de l’édition chez Aïni Bennaï est policier, une enquête que je crois drapée de littérature, de romance et de prospection historique. Il est inspiré de la chute de la météorite martienne sur la terre de Tissint, aux alentours de Tata, le 18 juillet 2011, une pierre valorisée vingt fois plus que l’or. L’histoire eut vite envahi mon imagination, et c’était la première fois que j’écrivais un roman d’un seul jet.

Entretien réalisé par FZR 


Présentation à Rabat de l’ouvrage “Voyages d’Ali Bey en Afrique et en Asie”

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L’ouvrage en espagnol “Les Voyages d’Ali Bey en Afrique et en Asie” a été présenté lundi à Rabat, en présence d’une pléiade d’intellectuels et d’universitaires.

Dans cet ouvrage, Ali Bey décrit les différents pays qu’il a traversés et les diverses aventures qu’il a vécues lors de son périple, qui l’a conduit au début du 19ème siècle du Maroc jusqu’en Turquie, en passant par la Libye, Chypre, l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Palestine et la Syrie.

Roger Mimo, éditeur et traducteur du livre, a souligné que cette  oeuvre “nous donne une vision très intéressante sur le Maroc de cette époque”, car cet aventurier catalan, grâce à son esprit singulier et ouvert, fait une description rigoureuse et détaillée de tous les lieux qu’il a visités au Maroc.

L’Ambassadeur d’Espagne à Rabat, Alberto Navarro, a indiqué que l’ouvrage illustre une époque de collaboration et de coopération entre le Maroc et l’Espagne, soulignant que son pays a toujours considéré le Maroc comme une véritable porte d’accès vers l’Afrique et le monde arabe.

Pour sa part, la présidente du Cercle d’amitié maroco-espagnol, Aziza Bennani a affirmé que l’objectif de cette manifestation culturelle, organisée par le cercle en collaboration avec l’Institut Cervantes de Rabat, est de contribuer au développement des relations entre le Maroc et l’Espagne pour mieux “connaitre notre patrimoine historique commun”.

Domingo Badoa y Leblich, né à Barcelone en 1767, entreprend des voyages d’exploration en Afrique et en Orient sous les noms d’Ali Bey el Abassi (1803-1807), puis d’El-Hadj Ali abou Othman (1817-1818). Il est surtout connu sous le nom d’Ali Bey el Abassi car c’est sous ces deux noms a visité La Mecque, devenant l’un des premiers européens à faire ce pèlerinage.

Pour la première fois depuis 1814, le texte présenté lundi est un récit intégral des voyages d’Ali Bey, y compris sa préface, accompagné de photographies récentes des endroits mentionnés par l’auteur et les nouvelles cartes détaillées de son itinéraire.

Frédéric Lenoir : “La guérison du monde et des relations humaines universelles”

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Le XXIème siècle est marqué par une succession de crises écologiques, économiques et politiques qui suscitent tensions et angoisses, faisant refleurir le vieux mythe de la fin du monde.  Frédéric Lenoir montre à travers son roman «La guérison du monde et des relations humaines universelles» que notre monde est confronté à au moins dix bouleversements inédits dans l’histoire de l’humanité. Pour trouver une telle mutation de l’homme, de son cerveau et de ses modes de vie, il faut remonter non pas à la Renaissance, mais à plus de dix mille ans, lorsque les groupes humains abandonnèrent le mode de vie nomade pour se sédentariser. La Nouvelle Tribune a rencontré cet historien des religions dans le cadre d’un café littéraire. Entretien.

  

La Nouvelle Tribune: Votre ouvrage s’intitule « La guérison du Monde». Pensez-vous que le monde aille de plus en plus mal?

Frederic-LenoirFrédéric Lenoir: Paradoxalement, le monde va de plus en plus mal et de mieux en mieux depuis plusieurs siècles, parce qu’il y a eu des progrès  extraordinaires au niveau de la médecine, il y a eu une amélioration globale au niveau de l’alimentation, nous pouvons guérir certaines maladies, il y a de moins en moins de famines. Cela est l’aspect qui va  le mieux. Quant à l’aspect qui ne va pas bien, c’est que nous sommes dans une mondialisation  extrêmement rapide, qui se fait essentiellement sur le point de vue économique et qui crée de plus en plus d’injustices et de problèmes écologiques, il détruit la planète et l’écosystème. Nous sommes devant des chocs culturels violents. Nous avons l’impression que tout va mal au fond et cela crée une anxiété collective à cause d’une médiatisation qui ne fait pas la part des choses. Quoique que nous ayons résolu des tas de problèmes, nous créons cette mondialisation qui se fait par le biais de la technique et de l’économie. Je dirais donc qu’on a guéri plein de maladies mais on découvre que nous avons un cancer, il faut s’y prendre avec beaucoup d’intelligence pour sortir de ces problèmes que nous avons créés.

 

 Quelles sont vos sources d’inspirations ?

 Ma source d’inspiration est due à ma formation sociologique et historique. Grâce à ma formation j’ai pu acquérir une connaissance de l’histoire des religions et sur la culture du monde. Donc cela me permet d’avoir du recul et de connaitre d’autres cultures et coutumes.

 La-guérison-du-monde

 

 Qu’est ce que vous répondez à tous ces gens aujourd’hui  qui sont déçus  par la politique de leur pays, qui sont inquiets pour leurs identités?

 De nos jours, tout le monde est déçu par les hommes politiques. Je ne  pense pas que les hommes politiques résolvent tous nos problèmes.  Il faut s’investir dans les  Organisations Non Gouvernementales (ONG), associations ou encore dans les coopératives.  L’Etat a pour mission de créer des lois, des chartes ; il ne faut pas attendre qu’il  nous crée des emplois. Aujourd’hui nous assistons à une émergence de la société civile et c’est une très bonne chose, des citoyens qui vont proposer et développer des pistes auxquelles des politiciens n’ont jamais pensé et c’est à ces derniers de valider leurs projets. De manière ultime,  avant de râler il faut  se remettre en question.  

 

 

 Vous dites qu’une révolution de la conscience est en marche et qu’elle est mue par deux forces, la vie et l’amour. Qu’est ce que vous avez à dire?

 Nous avons beaucoup vécu dans des idéologies collectives, c’est-à-dire dans des grands systèmes de pensée comme des religions, des systèmes politiques ou encore  le consumérisme qui est aujourd’hui la grande idéologie du monde.  Ainsi, les gens ont commencé à s’inspirer de tolérance, de compréhension pour aller tous vers l’amour et se découvrir mais nous avons peur les uns des autres. Au fond nous avons tous envie d’avoir une vie meilleure, pour réussir il faut sortir de l’ignorance. C’est pour cela que je parle d’une nouvelle conscience qui va nous permettre de vivre à l’échelle planétaire.

 

Vous avez déclaré que le film Avatar est un modèle de société. Mais encore?

 Oui, Avatar montre deux univers possibles, un monde tel qu’il est, représenté par les humains qui vont confier un monde tel que Pandora à un système typiquement masculin de domination, d’exploitation. D’un autre côté, il y a un monde très féminin où nous pouvons vivre en solidarité, et en harmonie avec la nature. Il faut qu’on s’inspire  de ce modèle de vie pour sortir de cette  crise.  A travers ce film, James Cameron nous met face à l’urgence de transformer notre sens des valeurs. Il stigmatise les conséquences du matérialisme à outrance et nous incite à devenir plus moraux en faisant preuve notamment de fraternité, de respect de la nature et de la vie.

 

 Quels sont vos projets à venir ?

  J’écris un roman sur le bonheur individuel, il s’intitulera « Du bonheur, petite médiation sur l’art d’être heureux», édité chez Fayard. Il sortira en octobre prochain.

 

Un dernier message?

J’aime cette citation de Ghandi « Soyez le changement que vous voulez  voir dans le monde». C’est-à-dire commencez à changer vous -même et puis petit à petit les individus changeront  et trouveront de nouvelles idées. Nous n’avons nul besoin d’attendre les prochaines élections ou de faire tomber le gouvernement. Nous sommes armés de nos volontés. Il nous suffit d’en prendre conscience.

 Entretien réalisé par Fatimazahraa Rabbaj

 

Sandrine Lefebvre- Reghay rend hommage au Royaume

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Après la parution de son premier roman ‘’L’enfant maudit’’, aux Editions du Net, Sandrine Lefebvre-Reghay vient de publier un nouvel ouvrage intitulé ‘‘Sawsan’’, qui rend hommage à la création marocaine. La Nouvelle Tribune a rencontré l’écrivaine française résidant au Maroc. Entretien.

 

 La Nouvelle Tribune : Parlez-nous de votre roman ‘’Sawsan’’.

Sandrine-Lefebvre-Reghay-photoSandrine Lefebvre-Reghay: ‘‘Sawsan‘’ est l’histoire d’une enfant de la campagne qui rêve d’école et de stylisme. Avec pugnacité et courage, elle parvient à réaliser ses rêves. Toutefois, pour marquer la fragilité de notre existence, j’ai décidé de commencer mon roman par la fin et de le finir par une ouverture qui nous rappelle que chaque être, dans cette vie, est le maillon important d’une grande Histoire, d’où le constant rappel des valeurs propres à la majorité des Marocains. Bien sûr, j’entends par là les valeurs religieuses qui s’expriment librement mais sans lourdeur. Elles sont principalement là pour amener le lecteur à réfléchir sur le sens de notre vie dans un monde où le “J’ai donc j’existe” est devenu cultissime. Avec pour cadre le Maroc et la France,  le roman est un pont entre deux cultures qui actuellement s’entrechoquent, d’où mon souhait d’amener un non-musulman à découvrir l’essence de l’Islam, la religion de l’équilibre et de la tolérance, quoi qu’en disent ses détracteurs.

 

 Quelles sont vos sources d’inspirations? 

De manière générale, mes romans et autres écrits décrivent des scènes de vie et abordent des thèmes classiques : la religion, l’enfance, la mort, l’éducation, la vie de couple, des sujets de société.  Outre ces thèmes, l’ouvrage  puise son inspiration de ma passion pour les tissus et ma fascination pour les créations de la haute-couture marocaine, notamment les caftans nés d’une tradition ancestrale. C’est également un roman dédié au Maroc où je vis depuis 10 ans et qui, à bien des égards, m’a rendu à la vie. Il me tenait donc à cœur de lui rendre à ma manière un vibrant hommage.

 

Quels étaient vos auteurs et romans préférés, quand vous étiez jeune?

 Enfant, je dévorais les livres de la Comtesse de Ségur et les histoires du ‘’Club des Cinq’’. Puis à l’adolescence, mes deux auteurs préférés sont devenus Victor Hugo et Balzac : pour moi, ils sont les maîtres à jamais de la très grande littérature. Personne ne les a jamais égalés à mon sens. Un peu plus tard, j’ai découvert Pascal et ses Pensées qui ne me quittent guère, ainsi que les contes philosophiques de Voltaire.

Aujourd’hui, mes livres préférés, après le Coran,  sont donc ‘’La peau de chagrin’’, ‘’Le père Goriot’’, ‘’Les misérables’’ et ’’ Zadig et les Pensées’’.

 

Quand avez-vous décidé de devenir écrivaine?

 Je n’ai pas de souvenir précis de la date, juste des images un peu floues qui se superposent. Comme tout le monde, j’ai commencé à écrire comme ça, sans vraiment de but précis, vers 10 à 12 ans. Ce n’est vraiment qu’à l’adolescence, vers 16 ans, que j’ai pensé en faire mon métier. Mais de cette époque, je n’ai absolument rien gardé. Mes écrits étaient alors de pâles copies des textes d’anciens, avec des vers boiteux et des alexandrins franchement mauvais.

 

Êtes-vous une bibliophile?

Je ne possède pas de livres rares et précieux dans la forme. En revanche, ils le sont tous par leur contenu.

 

Pour finir avez-vous quelques conseils à donner aux jeunes auteurs qui nous lisent ?

Je dirais qu’un écrivain selon moi, est un témoin d’une époque, d’une histoire. Si l’on écrit pour devenir célèbre, la noblesse du but, transmettre un message, est pervertie. Un livre bien écrit mais sans fond n’a aucun intérêt. Et s’il se fraie un chemin parmi les critiques, gageons qu’il ne fera pas long feu dans les annales de la littérature.

En revanche, si l’on écrit pour la passion d’écrire et pour transmettre, que l’on axe son travail dans cette direction, alors il se peut que dans le temps, l’œuvre soit reconnue. Et si elle ne l’est pas, cela n’a aucune importance car écrire est avant tout un combat contre soi-même et contre des idées reçues. Même si le combat reste muet, il a le mérite d’exister. Voilà pourquoi, il ne faut jamais rien lâcher et travailler constamment à l’amélioration de son style. En cela, la lecture des Anciens est précieuse car elle permet de se trouver. Il faut également rester en alerte constante sur ce qui nous entoure,  c’est une matière indispensable à l’écriture. Et si au bout de la longue route, la reconnaissance vient, tant mieux, c’est la cerise sur le gâteau. Mais en aucun cas elle ne doit être le prétexte à l’écriture.

 Entretien réalisé par Fatimazahraa Rabbaj

 

Aïcha Benamour-Benis lauréate du premier Prix Gutenberg du livre

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L’écrivaine, universitaire et chercheuse Aïcha Benamour-Bennis a remporté, mercredi, le premier Grand Prix Gutenberg dans la catégorie francophone de la création littéraire pour son ouvrage  ‘Lettres de Fès. Son monde à elle”.

Dans cet ouvrage, coédité chez le français  ‘Séguier” avec la collaboration des éditions marocaines  ‘La croisée des chemins”, l’auteure se livre à travers de longues lettres adressées à une amie d’enfance à un exercice de mémoire en égrenant ses souvenirs épars, à la recherche des moments de joie et de peine et en témoignant des mutations qu’a connues la société marocaine en l’espace de deux générations.

Ce roman, le premier de Benamour-Benis, est une sorte de récit introspectif où la mémoire est constamment sollicitée sous la forme épistolaire pour faire le portrait d’une jeune femme marocaine entre deux, trois périodes qui sont autant d’entre-deux hésitants parce que lourds de conjectures hasardeuses, a indiqué en substance M. Mohamed Berrada, président de la section marocaine des compagnons de Gutenberg, lors de la cérémonie d’annonce du vainqueur de ce prix.

‘Ce n’est pas une  oeuvre féministe, ni même d’inspiration exclusivement féminine. Elle est une remontée profondément sincère  et sans autocensure quelconque- pour décrire dans le menu une éducation culturelle et affective, qui est loin de se vouloir exemplaire mais qui n’en reste pas moins ambitieuse par sa propension à se vouloir modèle criant de vérité vraie”, a-t-il relevé.

Intervenant également lors de la cérémonie de remise de ce prix, M. Abdelkader Retnani, membre de l’association des compagnons de Gutenberg qui s’assigne pour objectif la défense et la promotion de l’écrit et de la culture, a souligné que ce prix constitue un édifice supplémentaire dans l’organisation des prix littéraires au Maroc où il n’y a pas suffisamment de récompenses et distinctions pour les écrivains.

Les compagnons de Gutenberg Maroc entendent, à travers l’institution de ce prix annuel après trois ans d’existence, contribuer à la promotion du livre et de la lecture et construire par ses nombreuses actions dont les distributions de livres, d’ordinateurs et d’équipements de bibliothèque une  ‘chaîne de livres” pour qu’ils soient à la portée de tous les citoyens.

A cet effet, une bibliothèque mobile sera aménagée dans un bus, baptisé  ‘bibliobus”, une action menée avec la Fondation MJID, va sillonner des parties du pays essentiellement les régions rurales pour distribuer des livres aux lecteurs de différents âges, a-t-il fait savoir. Il a en outre annoncé que la lauréate a décidé de partager équitablement la valeur de ce prix (10 000 dhs) entre l’Association Al Ihsane des enfants abandonnés et la Fondation HEM pour les étudiants méritants sans moyens.

Editions : «Tête de Serpent»

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Signé par Omar Berrada, «Tête de Serpent» est un roman de quelques 135 pages, qui met en scène l’histoire d’un petit enfant appelé Othman, orphelin alors que ses parents étaient encore vivant, puisqu’ils furent contraints de «l’offrir» à son oncle, le patriarche de la famille. Mal traité, mal aimé, l’enfant va, au fil des années, cultiver un sentiment de haine, de vengeance, et d’instabilité affective, ce qui le mènera droit à la faillite. Une véritable descente aux enfers est alors enclenchée. Mais, à travers l’histoire d’Othman, l’auteur entraine le lecteur dans l’univers des familles traditionnelles marocaines. Il évoque certains us et coutumes des Marocains, et en particulier des fassis. Soirées mondaines, vie commerçante, métiers de l’artisanat, s’invitent tour à tour dans la narration.

Omar Berrada raconte l’histoire à travers un vieux narrateur, faisant ainsi appel à la tradition orale, assez présente dans la culture marocaine. Ainsi, l’écrivain fait sciemment appel à un vocabulaire, mais également certaines métaphores et expressions populaires tirés de la darija.  «Tête de serpent», deuxième roman d’Omar Berrada, nous amène dans une sorte de «conte», à la fois attachant et rebutant, où la sphère intime prend le dessus.

Il coûte 50 Dhs.

L.O.

Le Sahara marocain vu de Moscou

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“La question du Sahara : entre réalité et illusion”, titre d’un nouvel ouvrage de l’historienne et écrivaine russe Natalia Podgornova, a été présenté mardi soir lors d’une cérémonie tenue à l’ambassade du Maroc à Moscou.

Fruit d’un grand effort de son auteur, ce livre de 235 pages, écrit en langue russe, constitue une référence pour les lecteurs russes et se base sur les documents que Natalia Podgornova avait déjà publiés sous la supervision de l’Institut des études africaines relevant de la prestigieuse Académie des sciences de Russie.

S’exprimant lors de cette cérémonie, tenue en présence de nombre de personnalités diplomatiques et médiatiques, l’ambassadeur du Royaume à Moscou, Abdelkader Lachhab, a indiqué que l’étude réalisée par Natalia Podgornova a porté, d’une manière précise et bien documentée, sur les diverses dimensions historique, politique, économique, sociale et géographique de la région et ses habitants.

Elle a également évoqué le soutien accordé aux séparatistes de la part “de l’ancien régime de Mouammar Kadhafi et les frères algériens”, a expliqué le diplomate marocain, ajoutant que cet ouvrage permet de cerner les contours de ce conflit artificiel en mettant la lumière sur les phases majeures qu’a traversées la question du Sahara.

De son côté, Natalia Podgornova, titulaire d’un doctorat d’Etat en histoire et professeur chercheur à l’Institut des études africaines, a relevé que son ouvrage a été accueilli favorablement à tous les niveaux.

L’historienne, qui a été également traductrice de l’ambassade de l’URSS à Rabat de 1966 à 1969, a déclaré à la MAP qu’elle avait publié plusieurs ouvrages concernant la question du Sahara, tout en reflétant les points de vue de toutes les parties. Dans ce sillage, elle a souligné que toutes les générations des Sahraouis ont toujours prêté allégeance aux sultans du Royaume, citant comme exemple Cheikh Ma’ al- Aynayn qui agissait au nom et pour les Sultans et construisait, avec le soutien des rois du Maroc, des villes au Sahara.

Pour l’écrivaine russe, l’Algérie et le régime de Kadhafi ont contribué au déclenchement du conflit autour du Sahara en fournissant un soutien moral et matériel au polisario afin d’établir une entité fantoche. Et d’ajouter qu’un processus de négociations directes entre Rabat et Alger demeure la seule voie à même de résoudre ce différend.

Editions : S’affirmer, en se débarrassant de certains troubles …

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«Affirmation de soi et santé mentale » est l’intitulé de l’ouvrage co-écrit par Nadia Kadiri et Nazha Fahem.  Publié chez les éditions Le Fennec, ce livre est le fruit d’une réflexion émanant de l’exercice au quotidien du métier des deux auteurs. L’une et l’autre psychiatres et psychothérapeutes, ces deux professionnelles de la santé mentale ont pu constater, tout au long de leur carrière, les difficultés des êtres à s’affirmer quand ils souffrent de troubles mentaux, comportementaux, ou psychiques. Anxiété, dépression, trouble addictifs,  manque d’estime de soi… sont autant de problèmes qui peuvent être un frein de développement et d’évolution, alors que ce sont des troubles qui peuvent être pris en charge, l’objectif étant de les dépasser pour pouvoir s’affirmer. Interpellées par de nombreux cas qui font un blocage, faute d’accompagnement, de suivi, et d’aide, Nadia Kadiri et Nazha Fahem ont décidé d’écrire ce livre. Ce dernier s’adresse, selon les auteurs, à toutes les personnes qui aspirent à des relations humaines saines et équilibrées. Le but est de faire connaître le concept d’affirmation de soi, «lequel est un outil permettant à l’individu de se sentir à l’aise dans ses interactions avec l’autre». Ainsi, à travers ce livre, les deux auteurs ont voulu mettre à la disposition des personnes qui n’osent pas franchir le pas d’être accompagnées pour se débarrasser d’un trouble quelconque, des conseils à même de leur permettre de dépasser ce blocage. L’objectif est d’aboutir à une affirmation de soi, qui passe par l’estime de soi. Les auteurs suggèrent, à travers de nombreuses mises en situation et cas pratiques, une analyse et une sortie de situation.

Le livre s’adresse également à tous les éducateurs, en premier lieu les parents, mais aussi les enseignants et les professionnels de santé (médecins et paramédicaux). Il peut être un bon support à même d’inculquer aux enfants comment s’affirmer et comment avoir une relation saine.

L.O.

Il est vendu au prix de 70 Dhs.


‘’3lach la’’, nouveau recueil

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Jamal Moustakfi vient de publier son premier recueil en arabe, intitulé ‘’3lach la’’. La Nouvelle Tribune a rencontré le poète. Entretien.

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La Nouvelle Tribune: Parlez-nous de votre  nouveau recueil.

  Jamal Moustakfi : ‘’ 3lach la’’,  qui veut dire en français ‘’ pourquoi pas’’, est un ensemble de poésie en arabe classique et en arabe dialectal. Il est composé de vingt-neuf poèmes. A travers ces poèmes, j’ai essayé de traiter plusieurs types de sujets, à savoir du social, de la politique, du sentimental et tout ce qui est  philosophique. Les poèmes sont composés en ‘‘Malhoune’’, en poésie libre et en slam (jazal).

 

Comment avez-vous embrassé la carrière de poète, et quels sont ceux qui vous ont aidé et encouragé sur ce chemin ?

J’ai commencé à l’âge de 15 ans. Mes premiers  essais étaient en Arabe classique mais cela a été voué à l’échec. Tout de suite, je me suis dit, pourquoi pas ne pas essayer d’écrire en  Arabe dialectal ; et j’ai réussi à me faire connaitre auprès des férus de la poésie.

Ma femme, ma famille et mes amis ont toujours été là pour me soutenir. Je tiens justement à remercier énormément Rafik Tadghir, Saïd Bouathmani qui a préfacé mon recueil, et le parolier  de l’artiste Abdlouhab Doukkali, Omar Telbani.

 

 Vos premiers poèmes sont composés dans la forme classique ou nimaienne ?

Lorsque j’ai débuté ma carrière, j’avais écrit un poème sur la Palestine intitulé « Lerja». Il est sous forme de ‘’ Jazal’’ ; j’ai tout de même essayé d’écrire quelques poèmes en français.

 

 Quelles sont vos sources d’inspirations?

Je m’inspire de ma vie quotidienne, de l’actualité, des journaux et des informations et programmes diffusés sur les chaines télévisées.

 

 A votre avis, quel rôle doit jouer le poète dans notre société ?

Le poète joue un rôle noble dans notre société : il peut être  sociologue, politologue,  philosophe et éducateur. Il ressemble à un peintre qui fait valoir les traits de la société par une peinture claire ou interprétable.

 

 Le manque de succès de la poésie aujourd’hui vient-il de son manque d’interactivité, valeur essentielle aujourd’hui dans notre monde hyper-connecté ?

En analysant superficiellement le phénomène, on peut dire que le manque de succès de la poésie  est dû au manque d’interactivité. Nous devons chercher les principales causes de ces échecs dans notre culture. A un moment donné et même à l’avènement de la télévision, je me rappelle quand j’étudiais  à l’école publique, les enseignants nous donnaient goût à la lecture et à la littérature. Bien que mon entourage fût analphabète, ils m’encourageaient. Malheureusement, de nos jours, avec la dislocation de la famille, la dégradation de la mission de l’école, et l’invasion impériale de l’internet que  la plupart ne savent pas utiliser de façon adaptée et cohérente, nous avons perdu  ce grand capital qui est la lecture.

Les poètes surtout souffrent de ce fléau.  Heureusement que quelques rencontres, salons de poésie, et bribes de concours sur certaines chaînes télévisées sont organisés. Ce n’est pas suffisant car il n’y a rien  pour encourager la lecture et la faire aimer par nos concitoyens. Il faudrait sortir notre Royaume de la culture orale vers une culture plus large avec le livre comme pilier principal.

  

 Quels sont vos projets à venir?

 Bientôt je vais organiser la signature de mon recueil ‘’ 3lach la’’ à  Al Hay  Al Mohammadi à Casablanca, mon quartier, qui est la vraie source de mon inspiration. Par ailleurs, j’ai deux projets qui pourraient voir le jour dans deux ou trois ans : il s’agit en premier d’un livre en sociologie et d’un autre en économie.

 

Entretien réalisé par Fatimazahraa Rabbaj

 

 

« Nouvelles marocaines 2013», une nouvelle génération d’auteurs marocains francophones!

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Nouvelle2013

 

Casa Express Editions vient de publier un nouveau recueil, intitulé «Nouvelles marocaines 2013». Suite à l’appel lancé par Casa Express  sur les réseaux sociaux et le web, la maison a  reçu près d’une centaine de textes.  Agés de 14 à 48 ans, de la Belgique au Sud du Maroc, des auteurs hommes et femmes, Marocains, Marocains Résidents à l’Etranger,  ou encore expatriés, ont participé à cette aventure. Parmi eux se trouvent Safaâ Allam, Habib El Amrani, Mohamed Abouelquassim, Badreddine Soufi, Ghizlane Tazi, Yassine Guedira ou encore Issam Tbeur.  Dans ce recueil, les jeunes auteurs livrent leurs idées et émotions. Ce recueil de nouvelles, appelé à devenir périodique, a le mérite d’offrir à de jeunes auteurs d’horizons divers la possibilité de s’exprimer, en toute liberté et pluralisme, sur ce qu’est le Maroc contemporain. Ainsi les auteurs les plus plébiscités verront leurs œuvres éditées.

 

LNT

 Repère :

Genre : recueil de nouvelles

Date de parution : Juin 2013

Prix : 100 dirhams, 14 euros

 

 

«Louve Musulmane», un livre d’Amale El Atrassi

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AMAL-EL-ATRASSI

Soeur de l’humoriste et ex-animateur de NRJ12 Mustapha El Atrassi, Amale El Atrassi partage son histoire avec ses lecteurs à travers son livre. «Louve Musulmane» ne fait pas rire Mustapha, et tombe plutôt mal pour l’humoriste, qui ne soutient pas sa sœur. Quelles sont les raisons de ce clash ? La Nouvelle Tribune a interviewé Amale El Atrassi pour en savoir plus.

 

Pouvez-vous vous présenter, pour ceux qui ne vous connaissent pas ?

Amale El Atrassi, originaire du Maroc, et née en 1975 à Bourges. Mon père a immigré en France avec ma mère dans les années 1960, pour travailler à l’usine d’électroménager de Rosières. Après avoir eu des parcours personnels et familiaux chaotiques, qui m’ont fait passer par les cases délinquance et prison, je compte sur Louve Musulmane pour panser mes plaies et repartir dans la vie sereinement. Louve Musulmane est mon premier témoignage rédigé. À travers le récit des moments les plus difficiles de ma vie, je démonte les absurdités d’une culture dont je cherche à m’affranchir. Je suis maman de quatre enfants. Je suis, par ailleurs, de dix ans la sœur aînée du comique et animateur de télévision Mustapha El Atrassi.

 

Qu’est-ce qui vous inspire dans vos écritures ?

Ce qui m’inspire le plus est mon parcours chaotique, mon enfance et adolescence, jalonnées par brimades, sévices, humiliations, viols et incarcérations. Ils m’ont beaucoup inspiré dans mon écriture. J’avais besoin de transmettre mon parcours aux personnes qui vivent, ou ont vécu les mêmes souffrances ; j’avais besoin de véhiculer des messages comment d’une «chienne» on devient «Louve», comment se servir de son passé pour en faire une force et une arme.

 

Quel est le sujet de votre livre ?

Au travers mon livre je voulais indiquer à mes bourreaux qu’ils ne m’avaient pas anéantie. «Louve musulmane» est le vecteur d’un message fort, il s’adresse à toutes les classes sociales, religions… mon livre est proprement universel.

 

Pourquoi avoir choisi ce titre ?

Un jour, alors que je travaillais encore sur mon livre, j’aidais mon fils Nassim, en classe de 6e, à réviser sa leçon d’histoire et l’un des chapitres était sur la mythologie romaine. Il y avait un paragraphe concernant la louve romaine. Ce titre m’a interpellée. Cet animal évoque le côté à la fois nourricier et protecteur. Il est aussi solitaire et chef de meute. Je trouvais que cela caractérisait bien mon rôle au sein de ma famille et de celle que j’ai créée avec mon compagnon et nos quatre enfants.

Amale-El-Atrassi

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre?

J’ai eu un rendez-vous avec une psychologue, lors de ma première incarcération, car la question des suicides des personnes détenues constitue l’une des préoccupations majeures en milieu carcéral. J’avais 19 ans, elle a estimé que je n’avais pas d’appréhension, je n’étais pas suicidaire et j’étais bien. Elle a trouvé cela assez bizarre et m’a dit : «Comment tu peux te sentir bien dans un tel endroit?». Je lui ai répondu : «J’ai tellement vécu de choses, je suis descendue en enfer palier par palier donc la prison pour moi est un endroit idyllique ». Elle m’a poussé à en parler mais j’ai répondu que c’étaient des choses dont je ne pouvais pas parler parce que je n’étais pas encore prête. Elle m’a dit que l’écriture pouvait être une bonne thérapie et m’a encouragée à coucher mes maux dans un journal intime où je pourrais écrire ce que je ressentais et c’est ainsi que j’ai commencé.

 

Quel est le message que vous voulez transmettre à travers votre livre?

«Comprendre, ce n’est pas seulement pardonner, mais finalement aimer.» Walter Lippmann

 

Pourquoi votre frère ne soutient pas votre livre?

Mon frère Mustapha a honte qu’une de ses sœurs puisse crier haut et fort le viol dont elle a été victime. Ce passage de ma vie aurait dû rester secret pour lui. C’est tabou, il ne faut pas en parler. Mon frère se croit dépositaire du nom El Atrassi. Il est également phallocrate, il considère ses sœurs comme des inutilités qui doivent tout simplement courber l’échine, chose que je refuse bien évidemment. Le fait qu’il ne soutienne pas mon livre n’est en soi pas très grave, par contre Mustapha a orchestré un boycott accepté par la plupart des animateurs des grandes chaines de télé françaises, ce qui nuit fortement au potentiel de mon livre. Je subis une injustice et je me bats pour lever cette censure injustifiée.

 

Un mot pour les lecteurs du livre ?

Je tiens à remercier tous les gens qui me soutiennent au quotidien, sans eux je ne suis rien. Je remercie également les médias marocains pour leur investissement et leur professionnalisme. Courrez vous procurer « Louve musulmane », vous ferez acte de résistance face à ceux qui veulent bâillonner la presse. Mon livre «Louve musulmane» est également distribué au Maroc.

 

Entretien réalisé par Hajar Hamri

Dignes héritiers d’Ibn Batouta

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Les Marocains Noureddine Choubed, Malika Najib et Abdelaziz Errachdi figurent parmi les lauréats des prix Ibn Batouta de littérature géographique, décernés par le Centre arabe de la littérature géographique “Irtyad Al Afaq” basé à Londres et Abu Dhabi.

Anisi, Noureddine Choubed a été récompensé dans la catégorie de meilleure enquête sur les manuscrits pour son enquête sur “le voyage hijazi” d’Abou Abdellah Ben Atyab Echarki El Fassi, l’un des premiers voyages marocains au pèlerinage au 18è siècle.

Dans la catégorie de la meilleure étude, Malika Najib a remporté le prix pour un ouvrage sur la présence de la femme dans les écritures des explorateurs durant les 18è et 19è siècles.

Quant au prix de la catégorie de meilleur récit de voyage contemporain, il est allé à l’écrivain Abdelaziz Errachdi pour son ouvrage “Sinbad du désert: des scènes de Genève, de Paris, de Manama, d’Amman, de Damas, du Caire, de Beyrouth, de Marrakech et d’autres villes”.

La cérémonie de remise des prix est prévue en novembre prochain à Dubai.

Le Centre arabe de la littérature géographique “Irtyad Al Afaq” est un projet arabe indépendant et à but non-lucratif oeuvrant pour la promotion du récit du voyage et de la littérature géographique arabo-islamique.

LNT

Décès du poète Abdeslam Zitouni

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Le poète marocain Abdesslam Zitouni est décédé récemment à Meknès à l’âge de 79 ans, des suites d’une longue maladie.

Déplorant cette perte, l’Union des écrivains du Maroc (UEM) a affirmé que le disparu fut une icône de la poésie contemporaine marocaine, de par l’abondance de sa production marquée par un savant dosage entre romantisme et patriotisme et ponctuée par un visible penchant vers la description des aspects architecturaux distinguant les murailles et les monuments de Meknès.

L’ oeuvre de feu Zitouni établit un métissage entre modernisme et traditionalisme tant et si bien que ses productions tendent à revisiter l’héritage patrimonial via une approche de prospection moderne.

Six ans après l’éclosion de ses  poèmes, en 1960, le disparu a rejoint les rangs de l’UEM où il a dirigé le secrétariat local de la section de Meknès.

L’ oeuvre de Zitouni compte plusieurs recueils dont certains poèmes ont été publiés par des organes de presse nationaux et arabes.

LNT

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