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Littérature : L’Hymne à Dakhla

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Le livre «La Baie de Dakhla. Itinérance enchantée entre mer et désert» de Leïla Slimani vient d’arriver sur les rayons des librairies pour notre plus grand bonheur. Les textes de Leïla Slimani sont accompagnés de merveilleux clichés des photographes Cécile Tréal et Jean-Michel Ruiz. L’ouvrage est édité par Malika Editions avec le soutien de l’Agence pour la promotion et le développement économique et social des provinces du sud, dans le cadre de la collection «Histoires et sociétés du Maroc Saharien». Nous avons eu le plaisir d’ouvrir les pages de ce beau recueil consacré à une perle marocaine, et nous vous recommandons vivement de faire de même.

Dakhla la divine

La Baie de Dakhla, anciennement connue sous le nom de Villa Cisneros, port fondé au 19ème siècle par les Espagnols, se situe à l’extrême Sud du littoral du Maroc Saharien, entre désert et océan. Elle bénéficie d’un climat tropical qui libère la chaleur et la lumière du soleil toute l’année. Les  richesses naturelles de la baie de Dakhla sont abondantes et exceptionnelles. Nature sauvage, collines de dunes, lagons blues, lumière éclatante, panoramas à couper le souffle, Dakhla est divine. Ce livre est à la fois le récit du voyage initiatique de l’auteur et celui d’une enquête approfondie, à la découverte de l’univers de la baie de Dakhla, et des hommes et femmes qui y vivent.

Le livre se découpe en trois parties, dont les titres ont été finement choisis par l’auteure dans deux ouvrages du merveilleux écrivain, explorateur et aviateur français Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) : «Terre des hommes» (1939) et «Le petit Prince» (1943). L’auteure rappelle l’histoire de l’Aéropostale, poste aérienne crée dans les années 1920 et qui fit de Dakhla (Villa Cisneros à l’époque) l’une de ses étapes entre Casablanca et Dakar, et dont l’un des grands aviateurs fut justement Antoine de Saint-Exupéry.

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Trois citations de Saint-Exupéry offrent aux lecteurs un résumé philosophique des sections du livre de Leïla Slimani, et sont une porte ouverte à la méditation.

«On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux» (Le Petit Prince), est la première partie du livre. L’auteure  nous y livre ses premières impressions, et nous décrit ce qu’elle voit pas à pas, tout en nous racontant la situation géographique et l’histoire de la baie, en passant par l’évocation des êtres qu’elle a inspirés. On sent l’auteure transportée par le sentiment du sublime qui la submerge, éprouvant une liberté et une fascination pure dans ce lieu, qui prend sous sa plume des aires de cité fantastique. On prend de la hauteur sur la baie avec de somptueuses photographies prises du ciel.

«Heureux ce Sahara où le jour est la nuit balancent si simplement les hommes d’une espérance à l’autre» (Terre des hommes), est l’intitulé de la seconde partie de l’ouvrage. Leïla Slimani humanise notre rapport à cette terre enchantée, lorsqu’elle nous raconte le récit de son immersion auprès des habitants de Dakhla. La baie de Dakhla, carrefour de cultures et culture millénaire, c’est ce que le récit nous dévoile. L’auteure plonge de pleins pieds dans la baie, son quotidien, son art de vivre, son artisanat (qui bénéficie d’ailleurs d’un nouveau centre fondé par l’Agence Sud et ses partenaires), sa modernité, ses transformations, ses nouvelles constructions et son devenir. Les photographes ont su capter l’énergie de la baie, et se fondre auprès des hommes et des femmes, pour nous offrir des clichés de vie bruts et émouvants. L’auteure traite aussi du développement économique de la ville à travers la pêche et le tourisme. Dakhla est reconnue pour être un lieu prisé des amateurs et professionnels des sports de glisse du monde entier, et propose aux touristes en villégiatures de très nombreuses activités grâce aux trésors naturels qu’elle porte en son sein. L’auteure nous expose les nombreux projets qui agitent la baie, comme ceux de développer la pêche sportive et le tourisme balnéaire.

Un lieu à préserver

Dakhla et ses eaux nourricières, dont le port industriel, destiné à l’exportation du poisson, fait face à la pêche artisanale, soutenue par les pouvoirs publics, à la fois héritage culturel et pilier de l’économie locale. Tout cela pousse l’auteure à nous alerter sur l’extrême fragilité du site, classé milieu maritime du réseau national des aires protégées, dont l’écosystème est à préserver attentivement.

«Tu es responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé». Dans cette dernière partie, Leïla Slimani traverse et répertorie la faune et la flore exceptionnelles du site,  et traite de l’utilisation de ses ressources par la pêche, l’agriculture ou encore le tourisme, en mettant l’accent sur son éco-système qui «(…) repose sur un équilibre précaire que toute activité humaine risque de compromettre, en consommant ses ressources ou en créant une pollution qui peut affecter les espèces vivantes et le milieu naturel (…)». L’auteure termine son corpus par la nécessité de sauvegarder le patrimoine matériel et immatériel de la baie de Dakhla, et de créer un renouveau économique sur des bases de respect et de sauvegarde du patrimoine et de la culture sahraouie. Le livre rappelle d’ailleurs la construction prochaine d’une structure muséale destinée à la culture et l’histoire du Maroc Saharien à Dakhla.

Leïla Slamani respire la baie de Dakhla, la questionne, passe de rencontres en rencontres, fait une fouille minutieuse pour retracer l’histoire passée et présente de la baie, et pour nous livrer l’esquisse de ce qu’elle pourra être demain. Pour nous montrer que cette terre, protégée par les pouvoirs publics, par des structures telle que l’association Nature et initiative, et par ses habitants respectueux et attentifs, doit le rester, et bénéficier d’un développement durable malgré un développement économique et de nombreux investissements qui ne vont pas cesser de s’accroitre à l’avenir.

Ce beau livre est  le fruit d’une enquête approfondie et émérite sur les multiples facettes de la Baie de Dakhla, et d’un travail photographique sans précédent, qui nous montre un peu plus la richesse de nos contrées, souvent méconnue, et est à découvrir sans plus tarder.

Ô Dakhla, terre providentielle, nous t’espérons éternelle.

Constance Durantou-Reilhac


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